Site www.lagence.org juin 2002 :
Après les trois tomes d’Hong Kong Triad, Parnotte et Mallié poursuivent leur
collaboration avec la série des "
Aquanautes ". Du polar à la SF, les deux jeunes auteurs jouent la carte de
l’imaginaire, du suspense et de l’humour.
Un petit studio mansardé coincé au dernier étage d’un immeuble sans âge. Des
feuilles griffonnées à la hâte, des planches en cours de finition jettent les
premiers indices sur l’identité des compères qui travaillent dans ce décor
lambrissé : Parnotte et Mallié, deux jeunes auteurs qui ont déjà à leur actif
quatre albums. Côté polar, la série " Hong-Kong Triad " (3 albums), côté
science-fiction, " Les Aquanautes
", une série tout juste entamée et qui commence à se tailler un beau petit
succès aussi critique que public.
L’aboutissement d’un parcours commun pour ces deux vieux copains de lycée qui à
force de se ressembler ont fini par s’assembler. Pour Joël (Parnotte), tout
débute par une dédicace du père d’Astérix,
le grand Uderzo, au gamin rêveur
qu’il était déjà, et qui fera ses premiers pas dans la BD à l’Ecole de l’image à
Angoulême. Après un Bac B, Vincent (Mallié) s’inscrit de son côté dans un
atelier de dessin, puis intègre une école de pub à Paris, avant de rejoindre son
pote Joël à Angoulême en 1996.
La plongée dans l’univers de la création, sans autre filet de secours que leurs
rêves de dessinateur, ne se fait pas sans mal : les premiers pas se heurtent à
quelques refus, vite balayés par un premier contrat chez l’éditeur " Le
Téméraire "… qui finira par faire faillite. Comme un heureux présage, c’est
l’éditeur " Soleil " qui rachète finalement les trois tomes de leur première
série " Hong Kong Triad ".
Au prix d’un gros travail de documentation, les deux auteurs recréent, sans y
avoir jamais mis les pieds, l’atmosphère heurtée et bouillonnante de cette
fourmilière humaine. " C’est la ville parfaite pour planter le décor d’un polar,
explique Joël Elle forme un labyrinthe complètement fou, et autorise toutes les
aventures, avec des mafias et des triades, le tout dans le cadre de l’après
rétrocession des Anglais à la Chine".
Une alchimie bien réglée
Les albums sont réalisés selon un scénario bien rodé : découpage, dialogue et
story-board se font à deux, les décors étant réservés à Vincent et les
personnages à Joël. La colorisation est assurée par Delphine Rieu. Les
situations autant que les dialogues prennent forme au gré de l’inspiration. " Le
ton de l’histoire peut venir d’une discussion anodine, ce qui permet de faire
réagir l’autre. La trame n’est finalement qu’un alibi pour faire réagir les
personnages… "
Une fois ces frontières fixées avec précision, l’alchimie du travail en commun
fait le reste. "Au départ, on a les mêmes influences, ce qui est bien sûr
indispensable pour s’entendre... Ensuite, le fait de bien séparer nos tâches
permet d’avancer plus vite, tout en enrichissant les scènes, les dialogues et
les idées ". Le rythme des albums laisse deviner une manière de travailler très
souple sur la conduite de la narration, ce que confirme Joël: " On fixe les
principaux évènements, tout en laissant une marge de manœuvre dans les relations
entre les personnages. En fait, on aime bien être surpris nous-mêmes par les
réactions de nos héros, et c’est sans doute ça qui permet de les faire évoluer.
En même temps, on essaie de changer notre manière de raconter des histoires au
fil des albums. "
Une tactique facilitée par les maladresses du héros, Jeff Heagel, qui créent des
situations cocasses et prennent parfois le pas sur l’énigme, à la manière d’un
Jack Palmer égaré dans un film de John Woo.
Les
influences revendiquées, Lepage ou Hermann, sont perceptibles dans le trait,
tout autant que le rythme très " manga " des trépidations de Jeff Heagel.
Avec la série des " Aquanautes
", Parnotte et Maillé ont entamé une nouvelle étape dans leur création, alliant
précision du trait et maturité narrative. Deux auteurs décidément à suivre….
En 2003 sort L'Arche de Maillié sur
un scénario de Jérôme Félix et toujours Delphine Rieu aux couleurs