Un bistrot parisien, un matin de mai. Cinq jeunes gens prennent le café.
Parmi cette bande aux allures sympas, deux italiens à la mine fraîche et
réjouie : ils entament un tour de France pour présenter leur deuxième tome de
Sky Doll, après un premier album qui a fait l’unanimité pour lui. Bizarrement,
peu de journalistes se sont précipités pour les rencontrer… Alors nous entamons
une longue discussion, d’autant plus longue que nous ne parlons pas la même
langue !
1 - Des auteurs formés à l’école Disney
Alessandro
Barbucci, le dessinateur de Sky Doll est né à Gènes en 1973. Il a travaillé 10
ans pour les studios Disney, réalisant des storyboards de dessins animés et de
la bande dessinée.
Barbara Canepa, la coloriste, a une formation d’architecte à la base. En
rentrant chez Disney, elle pensait se consacrer au dessin et a d’ailleurs
commencé par réaliser de nombreuses illustrations. Mais comme elle s’est révélée
très douée pour les couleurs, ses employeurs l’ont peu à peu spécialisée dans ce
domaine, de même que les illustrations de couvertures.
La première collaboration entre Barbara et Alessandro eut lieu à l’occasion de
la création du magazine Witch. Ce nouveau magazine, sur lequel ils ont travaillé
de 1997 à 2000 était construit autour d’une série du même nom : « C’est Barbara
qui a défini les caractéristiques des 5 personnages principaux, aussi bien leur
caractère, leurs rêves que leur taille, leur poids ou leur couleur favorite.
C’est elle aussi qui a appris aux coloristes à utiliser l'ordinateur de cette
façon qui lui est si particulière. »
Mais il leur a fallu auparavant convaincre Disney du bien-fondé de leur concept
: « Ce fut très dur de convaincre Disney d’adopter un style proche du manga pour
cette BD. Il faut se rappeler qu’on était alors en 1997. A l’époque, ils étaient
certains que les mangas ne marcheraient jamais en Europe. » Et pourtant Witch
s’est révélé être une vraie réussite puisque les ventes du mensuel en Italie
s’élèvent à 160.000 exemplaires et qu’il s’est vu attribuer en 2001 le prix du
Festival de Lucca pour un nouveau magazine BD. La série Witch est d’ores et déjà
publiée dans une quinzaine de pays.
Alessandro a dessiné la première histoire sur un scénario d’Elisabetta Gnone -
seule mentionnée lors de la publication de Witch en France dans Minnie Mag - et
ils ont supervisé les 6 épisodes suivants. Mais ils ne reconnaissent pas ce
qu’est devenue leur série : « Witch, tel qu’on l’avait imaginé au départ,
déplore Alessandro, ne se retrouve que dans les deux premiers épisodes. Ensuite,
Disney a décidé de viser un public plus jeune et de faire évoluer la série en
conte de fées. »
Mais pour Alessandro et Barbara, cette aventure à toute autre chose qu’au happy
end des contes de fées : bien qu’ils aient été les instigateurs de la série,
Witch est la propriété exclusive de Disney… Cette négation de leurs droits par
la multinationale américaine n’est pas étrangère à leur désir de partir vers de
nouveaux horizons artistiques…
Avec Disney, ils gagnaient très confortablement leur vie, « bien mieux que si
j’avais été architecte » confie Barbara. Mais ils avaient le sentiment de ne
plus exister en tant qu’individu et encore moins en tant qu’auteur. Chez Disney,
les cadences de production sont très élevées, pouvant atteindre 5 pages par
jour. Sur Witch, qui est pourtant une série haut de gamme, Alessandro dessinait
2 pages par jour. « Au bout de 10 ans, cela rend le travail assez mécanique. »
D’où également leur désir de changement...
2- Sky Doll, une jolie poupée conçue pour le marché
français
3- En réaction au jubilé de l’an 2000…
4- Une œuvre à quatre mains mêlées…
5- BD de la péninsule et d’ailleurs
6- Projets de couple
(LIRE LA
SUITE de ce dossier réalisé par Vincent sur
http://www.bdselection.com/php/index.php?rub=page_dos&id_dossier=60 )