LITTLE BLADE L’Empire du milieu s’enflamme

Triades, attentats, CIA... Le contexte est posé pour le dernier volume du cyber-récit Little Blade à paraître le mois prochain (Août 2002). Alors que la tension devient palpable à Hong-Kong, Pavillon Rouge fait le point sur cette série mouvementée signée DEF et Pécau.

De l'enfance d'une ronin
Le Patrouilleur du vent, premier album de la série, revenait sur le passé de Blade la cyber-samouraï de la série Zentak. On y apprenait ainsi comment l'adolescente Hmong, née dans les camps de l'ONU au Laos, était vendue comme esclave, puis rachetée par La Licorne - le chef de la triade 14K - pour devenir un « 49 », l'un de ces jeunes soldats «chair à canon». On y découvrait aussi comment un attentat contre son nouvel employeur offrait à Blade l'occasion de démontrer l'étendue de ses aptitudes.
 

Contre-pied géopolitique
Le premier tome posait aussi les bases du contexte géopolitique de la série. En effet, inquiet devant les luttes sanglantes entre factions rivales (le 14K et le Grand Cercle) qui menacent l'équilibre de la Chine, l'Otan dépêche Samuel Monk, pour qu'il devienne «patrouilleur du vent » (premier lieutenant des troupes, ndlr) de La Licorne. Sa mission : protéger celle-ci, et démasquer l'espion qui renseigne les ennemis de la 14K.
Depuis que le gouvernement communiste a écrasé l'insurrection des villes côtières capitalistes grâce à des missiles nucléaires, la Chine est noyautée par les triades et les dissensions politiques. « La rédaction de Blade, précise Pécau, date déjà de trois ans. Depuis il y a eu le 11 septembre et un bouleversement géopolitique de première grandeur. Les USA et la Chine sont désormais très copains, surtout lorsqu'il s'agit de casser du rebelle musulman d'Asie Centrale. Dès lors, désormais, et sans doute pour longtemps, si les villes côtières ont la mauvaise idée de réclamer leur indépendance, il y a fort à parier que les USA ne lèveraient pas le petit doigt ! Ce sont les limites de la création d'un univers dans un futur proche : on peut être pris à contre-pied ! »


Le chevalier et La Licorne
Le nouvel épisode, prévu pour la fin août 2002, met en scène les protagonistes lors de la réception annuelle commémorant la fondation de Hong-Kong. Une occasion qu'attend le Grand Cercle pour éliminer La Licorne. Mais, faites confiance au tandem Blade/Monk pour déjouer tous les subterfuges... Variation sur le retournement des alliances, ce tome 2 approfondit la nature des relations entre Garisson, l’agent de la CIA, et Samuel de plus en plus proche du « 49 » (qui, elle, ressemble un peu à la Nikita de Besson).


Blade court toujours
Entre plongée dans la jeunesse de Blade et anticipation géopolitique, cette série, qui emprunte ses codes à la S-F et au manga, au cyberpunk et à la sagesse orientale, imbrique un univers futuriste et une spiritualité chinoise nourrie de mythes et de sentences méditatives. Les décors de l'Empire du milieu sont saisissants de réalisme et bénéficient d'un décalage (designs des véhicules, violence hyperréaliste des affrontements entre initiés) faisant de cette contrée tout, sauf un rêve. Ainsi se trouble la délimitation entre bien et mal, démocratie et oligarchie guerrière. « Aucun des protagonistes et des groupes ne peut, ici, être représentatif du bien et du mal, souligne DEF. Par son jeune âge, Blade est le seul personnage innocent de cette histoire. Après une carrière à la solde des mafias, elle se mettra à son compte pour faire de la protection rapprochée. Le gouvernement américain, représenté par Gorisson et Monk (parfait anti-héros, une fois rattrapé par le métier d'espion) veut préserver ses intérêts au risque de tuer des milliers de personnes. Monk, pour sa part, paraît plus charitable, a/ors qu'il est complice, et donc responsable, d'assassinats, d'actes de trahison et de terrorisme. »

Frédéric Grolleau (Pavillon Rouge N°14)