Le Décalogue, La Fatwa
Giulio De Vita prend le relais après Joseph Béhé "(Le Manuscrit"). A ce jeune Italien de nous offrir le second volet du Décalogue "La Fatwa". Un choix de Frank Giroud qui permet de découvrir ce dessinateur vénitien, touche à tout (cinéma, publicité, dessins animés, couvertures pour Marvel). En 1995, Giulio De Vita dessine "Il Potere e la gloria", la première série de super-héros "made in Italy". Il est déclaré meilleur jeune dessinateur italien au festival de Falconara. Pendant quelques années son autre passion, le cinéma, l'absorbe. Il revient à la bande dessinée en 1998 avec "Les Ombres de la lagune" en compagnie de Corteggiani, un album pour lequel il reçoit le prix du meilleur espoir cette année à Chambéry. Avec "La Fatwa", il confirme un trait plein de grâce, avec des penchants à la Michel Plessix dans l'encrage. Echanges autour du Décalogue et de "La Fatwa".
Vécu : Comment vous êtes-vous retrouvé dans cette aventure ?
Giulio De Vita: J'ai rencontré Frank à Paris en décembre 1999. Il cherchait encore un dessinateur pour deux ou trois épisodes du Décalogue. Je suis allé chez lui et je lui ai lui montré mes travaux. Il les a aimés et il m'a tout de suite confié le synopsis de l'album. Un mois après j'étais au travail sur l'album, avec mon contrat signé.
Vécu : Que pensez-vous du Décalogue 7
Giulio De Vita: Je pense que c'est un projet très intéressant, intrigant, et surtout une nouvelle manière de proposer la BD.
Vécu : Comment s'est organisée la collaboration avec Frank Giroud ?
Giulio De Vita : Il m'a envoyé le scénario en trois parties, j'avais déjà le synopsis de l'histoire. Je n'ai eu aucun problème parce que le scénario était très précis et bien décrit. J'ai dessiné les planches tranquillement et je les lui ai envoyées par e-mail. J'appelais pour savoir si tout allait bien et si elles lui plaisaient toujours.
Vécu : Avez-vous lu les autres scénarii, et si oui quelles ont été vos motivations pour cette histoire ?
Giulio De Vita : Non, je n'ai pas lu les autres, mais leur synopsis, pour bien comprendre le concept de la série. J'étais un des derniers dessinateurs à participer à ce projet. Deux épisodes n'avaient pas encore de dessinateurs, le second et le septième. J'ai choisi "La Fatwa" parce que l'ambiance et l'univers sont contemporains, ce qui me convient mieux.
Vécu : Les personnages étaient-ils très détaillés par Frank Giroud ou avez-vous eu une liberté par rapport à leur physique, à leurs attitudes ?
Giulio De Vita : Frank Giroud m'a fourni beaucoup de documentation mais aussi de détails. Pour les personnages principaux, il m'a donné leur biographie. Après, cela a été simple de les visualiser. D'en tirer le portrait.
Vécu : Quelles sont vos techniques graphiques (traditionnelles ou ordinateur) ?
Giulio De Vita : Je suis surtout un dessinateur traditionnel, classique. Je suis aussi passionné par les possibilités offertes par l'ordinateur. Je l'utilise pour donner quelques effets comme les perspectives sur les photos et sur les textes des articles de journaux. Mais pour le dessin, c'est rigoureusement toujours feuille, crayon, pinceau, plume...
Vécu : Quels ont été les passages les plus agréables à dessiner, les plus difficiles ?
Giulio De Vita: Sans aucun doute le passage le plus agréable à représenter est celui de la scène finale, la nuit sur le pont du cargo... avec une ambiance mariant ombres et lumières artificielles. Les moments les plus difficiles ceux situés dans le train. Il y a au moins quinze planches situées dans le même compartiment. Au bout d'un moment, cela devenait compliqué de trouver toujours des cadrages nouveaux et intéressants!
Vécu : Avec quels type de documentation travaillez-vous (Internet, photos ... ) ?
Giulio De Vita: J'ai utilisé beaucoup de photos que Frank Giroud m'a envoyées (de Paris surtout) et deux beaux livres sur les cargos. Pour les autres ambiances, j'ai utilisé internet, comme pour représenter l'intérieur de l'Orient-Express. Ce train est très présent dans le récit, j'ai donc additionné les moyens de recherche. Outre internet et le magazine publicitaire des voyages en Orient-Express, je suis allé à Venise pour le photographier.
Vécu : "Le Décalogue a-t-il obligé à adapter votre style ?
Giulio De Vita : En Italie, j'ai dessiné tous les styles imaginables : la BD, la publicité, le cinéma, le dessin animé. Le dessin pour moi est un outil pour raconter une histoire. À chaque fois, il doit s'adapter aussi à elle. Dans "La Fatwa" le dessin est réaliste, le découpage classique, contrairement à d'anciens travaux plus hardis et provocants, comme "Les Ombres de la lagune" (Soleil), seul album disponible en français.
Vécu: Dans cet album, "La Fatwa", l'intégrisme musulman est abordé, est-ce un sujet qui est abordé dans l'actualité italienne ?
Giulio De Vita: Non, beaucoup moins qu'en France.
Propos recueillis par Emmanuelle Mahoudeau
http://www.giuliodevita.com
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